La fabrication du béret basque
Les modes de fabrication ont bien entendu évolué au fil du temps, mais les objectifs sont restés constants. Un béret doit toujours posséder les qualités qui l'ont fait adopter par des générations successives. Il doit être confortable, solide, souple et léger, imperméable, ne pas se déformer ni se froisser ou déteindre. Il ne doit pas non plus s'envoler à la moindre bourrasque, et c'est donc solidement "vissé" sur la tête de son propriétaire qu'il doit le protéger de la pluie, du froid, du vent, de la neige et du redoutable soleil estival des Pyrénées......ou d'ailleurs. Certains lui trouvent d'autres fonctions occasionnelles : porte monnaie ou panier pour cueillette improvisée, ou, comme les sauteurs des courses de vaches landaises, un usage plus...sportif.
Plusieurs étapes sont nécessaires pour obtenir un exemplaire de notre héros :
1- Le tricotage :
en effet, le béret n'est pas tissé, mais tricoté, et d'une seule pièce : les bergers des débuts utilisaient de longues aiguilles de buis, instruments conservés par les tricoteuses qui prendront leur relais quand la fabrication pastorale deviendra artisanale (une tricoteuse pouvait tricoter un peu plus de deux bérets par jour). L'ère industrielle verra la mécanisation du tricotage, la fabrication s'adaptera : en effet, l'ouvrage est alors produit en ligne, pour former une sorte de galette dont il manquerait une part. La galette sera fermée et la petite queue qui surmonte l'objet et qui reprend les mailles du centre est tricotée à la main. Cette petite queue à un nom : le cabillou. Il ne reste plus qu'à ourler la partie qui sera autour de la tête.. La matière première utilisée est bien entendu la laine, sa particularité de feutrer quand elle est soumise à certaines conditions la rend irremplaçable.
2- Le foulage :
de cette opération et du soin qui y sera apporté dépendront les qualités de notre petit héros. Elle demande un savoir que seul une longue expérience peut faire acquérir. Au début on utilisait l'eau des gaves afin d'obtenir le feutrage. Industriellement, les pièces sont placées dans une machine à fouler, avec de l'eau chaude savonneuse. Des maillets de bois entrent en action, pendant un temps qui dépend du résultat souhaité, de 2 heures pour le béret folklorique, 7 heures pour le béret " normal " et 14 heures pour le béret militaire.
fouloir de 1850
3- La teinture :
là aussi une opération demandant un grand savoir faire. A l'origine marron car non teint, il est devenu traditionnellement noir puis s'est adapté aux couleurs de la mode : on le trouve décliné dans toutes les nuances.
4- Mise en forme, séchage :
la mise en forme se fait sur une pièce encore humide de l'opération de teinture. Les bergers utilisaient leur genou, la fabrication moderne une forme en bois sur laquelle l'ouvrier le place et l'étire jusqu'à obtenir la taille désirée et la silhouette que nous connaissons tous.
5- Grattage et rasage :
malmené par les opérations successives, l'ouvrage est gratté par des brosses métalliques qui ont remplacé les fleurs séchées de chardons des temps anciens. Il est ensuite tondu pour lui donner son aspect velouté final. Le cabillou est lui l'objet d'un soin attentif : il est lui aussi tondu minutieusement à l'aide d'un rasoir électrique adapté à sa taille réduite.
6- Le garnissage :
une doublure, de drap ou de soie par exemple, est posée avant de coudre la bande de cuir, on dit la baleine, qui donnera à l'objet fini plus de tenue. Sur cette doublure, on retrouve l'écusson qui indique la marque. À noter que les femmes portaient traditionnellement le béret "nu", c'est à dire sans garnissage.